ASSOUSOUD Mohamed

Mohamed ASSOUSOUD est né le 21 décembre 1968. Il était marié et père d’un enfant.


HISTOIRE DE LA DISPARITION
Le 9 mai 1995 au matin, Messaouda, la femme de Mohamed, est chez elle avec son nourisson de deux mois et la soeur de son mari. Vers 8 heures, on frappe à la porte. Messaouda ouvre et voit son frère Houari Dahmoun (marié à la soeur de Mohamed) menotté et encadé par deux policiers en tenue et à visages découverts. Houari a des traces de coups à la tête. Sept hommes en civil et armés sont également présents.  Ils entrent tous dans la maison et commencent à fouiller. Ils saisissent une arme ainsi que tous les vases de la maison, les cadres et la télévision. Une partie des hommes part avec le butin et emmène Houari, disant qu’il est arrêté pour avoir été complice de Mohamed.
L’autre partie des hommes se cache dans la maison en attendant le retour de Mohamed. Ils demandent à Messaouda de préparer un sac avec tout ce dont elle a besoin pour le bébé et donnent l’ordre aux deux femmes d’accueillir Mohamed normalement, sans l’informer de leur présence.

Messaouda entend que les hommes cachés chez elle sont prévenus par talkie-walkie que Mohamed descend du bus. Elle en conclut que le village est encerclé. Vers 9 heures, Messaouda ouvre donc à son mari sans rien dire, comme celui lui a été demandé. Les hommes cachés dans la maison surgissent, frappent Mohamed et le menottent. Messaouda, Mohamed, leur bébé et la soeur de Mohamed sont embarqués dans une fourgonnette. D’abord conduits à la gendarmerie de Bir El Djir où les gendarmes voulaient que les femmes soient libérées car ils ne pouvaient pas les garder, ils sont finalement amenés à Dar Beida. Dès leur arrivée, Mohamed est séparé des femmes qui gardent l’enfant.

Dans la cellule de Messaouda et sa belle soeur, une algéroise et ses deux enfants sont là. Pendant une heure ou deux, les femmes sont interrogées par les gendarmes en civil pour savoir si elles connaissent l’algéroise, ce qui n’est pas le cas. Immédiatement après l’entretien, elles sont emmenées dans une Peugeot 405 à la gendarmerie d’Es Sénia où la belle soeur est longuement interrogée. Messaouda n’est que brièvement interrogée : les questions portent sur son mari et ses habitudes. Les gendarmes lui disent que Mohamed est recherché depuis deux ans. Messaouda passe la nuit à la gendarmerie avec sa belle soeur et le bébé dans un bureau gardé par un gendarme devant la porte. 

Le lendemain (10 mai), la belle soeur est emmenée à l’aéroport où elle retrouve l’algéroise et son frère (Mohamed).Une vingtaine de personnes étaient présentes, certaines portaient des marques de torture. Tout le groupe est emmené en avion à Alger. Dès l’arrivée à Alger, elle perd son frère de vue et est emmenée dans une voiture avec “l’algéroise” vers une destination inconnue. Elle est prise en photo, interrogée une nuit puis relâchée. D’Alger, elle rentre chez ses parents à Tipaza. 

Messaouda est elle restée quatre jours chez les gendarmes. Le deuxième jour, elle est emmenée de nuit dans une Peugeot 405 avec son bébé chez ses parents à Saint Eugène (quartier d’Oran). Le bébé est confié à la mère de Messaouda. Deux jours après, la sécurité militaire venue d’Alger l’interroge sur Mohamed (s’il passe la nuit dehors, s’il reçoit des amis à la maison, s’il sort avec son arme, etc).

Au bout de quatre jours, la mère de Messaouda vient à la gendarmerie pour signer un papier car Messaouda n’avait que quinze ans : elle est libérée. A sa libération, Messaouda reste chez sa mère.

Entre temps, les gendarmes de Bir El Djir sont venus en uniforme au domicile de Messaouda et de Mohamed (les voisins sont témoins) et ont tout volé.

Dans les jours qui suivent la libération de Messaouda, les parents de Mohamed, chez eux à Tipaza, reçoivent la visite de la police qui leur annonce que leur fils est détenu.


INITIATIVES DE LA FAMILLE
En 2002, Messaouda commence activement à rechercher son mari car lors des faits elle était trop jeune pour entreprendre les démarches nécessaires.