BELHADJ Mohamed

Mohamed BELHADJ est né le 18 mai 1968. Célibataire, il vivait avec sa famille au Douar El Saf Saf, à Meftah. Il travaillait comme commerçant ambulant.

HISTOIRE DE LA DISPARITION

Le 12 mars 1994, vers 20h, Mohamed était chez lui. Ce dernier se préparait avec sa famille à rompre le jeûne puisqu’il s’agissait de la dernière nuit du Ramadhan. En entendant des bruits en provenance de dehors, la famille est allée vérifier ce qu’il se passait et s’est apercue qu’une dizaine de policiers étaient en train de pénétrer dans la cour de leur maison.

Cagoulés, habillés en tenue officielle et venus à bord de véhicules officiels, les agents avaient encerclé le quartier une heure plus tôt et procédaient à la perquisition des domiciles. Outre les agents de police, deux civils et des militaires de Meftah ont participé à l’opération. Ces derniers sont restés postés devant la maison Belhadj pendant que les policiers y faisait irruption.

Les policiers ont tué le chien par balles, dont les éclats blessèrent la mère de Mohamed. Ensuite, ils sont entrés dans la maison et l’ont fouillé de fond en comble. Malgré le fait qu’ils n’aient rien trouvé, ils ont arrêté Mohamed et l’ont embarqué dans l’une de leurs voitures. Toute la famille et deux voisins ont assisté à la scène.

Ce jour-là, Mohamed est le seul à être arrêté dans le quartier. Les policiers ont dit à sa famille qu’il serait relâché le lendemain, après interrogatoire. Cependant, Mohamed n’a jamais été remis en liberté.

Une semaine après l’arrestation, la sœur de Mohamed s’est entretenue avec des militaires lorsqu’ils faisaient une ronde dans le quartier. Ces derniers lui ont conseillé d’aller chercher Mohamed à la prison militaire de Blida. La famille s’y est rendue après avoir obtenu un permis de visite délivré par le procureur près le Tribunal de Blida, mais les agents de la prison ont nié le détenir.

Par ailleurs, la mère de Mohamed a appris que Mustapha Boucedraïa et Khaled Raïs du même quartier – interpellés respectivement les 25 et 27 avril 1994 et disparus depuis – auraient été présentés au Tribunal de Larbaâ. Elle s’est donc rendue à plusieurs reprises au tribunal afin de savoir si son fils y avait été présenté et de connaître son lieu de détention. Ses recherches n’ont pas abouti. Depuis, elle n’a entendu que des rumeurs sur le sort de son fils. Elle a été orientée vers l’hôpital psychiatrique « Joinville » à Blida, puis vers le cimetière d’El Alia, dans la wilaya d’Alger, où un gardien l’a informée que les personnes sans identification qui y étaient enterrées étaient celles ayant été abattues par les agents des forces de sécurité de l’Etat n’ayant pas leurs papiers sur eux. Malgré toutes les recherches et démarches effectuées, la famille n’a plus jamais eu de nouvelles de Mohamed.

INITIATIVES DE LA FAMILLE

Le 2 avril 1995, une plainte a été déposée auprès du Procureur général près le Tribunal militaire de Blida. Des lettres ont été envoyées par la mère du disparu au Président de la République, au chef du gouvernement, au Ministre de l’intérieur, au Ministre de la Justice. La mère du disparu a également adressé une lettre au président de la Commission Nationale Consultative de Promotion et de Protection des Droits de l’Homme (CNCPPDH).

La famille du disparu a été convoquée à la gendarmerie de Meftah, où on l’a interrogée sur les circonstances de la disparition. Le 2 août 2006, la gendarmerie de Meftah a délivré un constat de disparition.